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Trop intense

Je suis tout ou rien, le soleil ou l'orage, l'euphorie ou la détresse.


fleurs

Le vide, le néant, l'équilibre, je vous décrit ma situation actuelle, sous traitement. Vous savez, les fameuses pilules du bonheur, et bien dans mon psyché, ce sont celles qui détruisent ma vraie nature, me ramenant à cette angoissante stabilité. Je me trouve donc sur le fil de ma vie dans un équilibre parfait, probablement ce que ressentirait un humain stable, sans trouble mental.


Une question me taraude alors, comment faites-vous pour survivre sans cette intensité qui nous caractérise -nous, les déglingués du bocal- !


Mon quotidien ressemble à une routine parfaite, sans épices ni saveurs, enfermée entre mes quatre murs, je répète les mêmes gestes accompagnée d'une immense lassitude. Mon regard ne s'émerveille plus, mon cœur ainsi que mon corps ne vibrent plus. La sensation que tout est en pause, comme si mon âme s'était endormie, en attendant patiemment que quelque chose la stimule, lui donne enfin un sens, la réanime.


Ma vie a certes, repris ses couleurs, cependant je les regarde avec un détachement ahurissant, alors qu'autrefois, j'aurai remué ciel et terre afin de profiter de cet arc-en-ciel, me reconnectant à chaque sensation corporelle, explorant chaque centimètre de l'univers. En fin de compte, je me contente de trainer des pieds sur le chemin de ma vie, où plus rien n'accroche mon intérêt.


Tout est devenu bien trop calme, doux, tendre. Habituée à la puissance, la douleur, les émotions intenses, je ne trouve plus mes repères à tel point, que je me perds.


Faut-il guérir de ce qui nous caractérise ? Je veux dire, à quoi bon mener une vie dite "normale" si nous en perdons le sens. J'aime mon intensité, grâce à elle je me balade dans des émerveillements totales, j'acquiers une vision profonde remplie d'étoiles, même si cette dernière me fait voyager dans des endroits parfois trop noirs.


Mes étoiles me manquent, autant que mes larmes.


Alors vos pilules du bonheur m'apportent certes, le repos nécessaire pour mon être fatigué par ces derniers mois éreintants, cependant, je me hâte la fin de mes plaquettes de médicaments. Retrouver mes sensations, me retrouver moi, celle qui vit tout, trop fort, trop vite, celle qui pleure devant un lever de soleil et rigole sans fin. Je veux redevenir celle qui aime et ressent l'amour à s'en briser le cœur. Je veux mon intensité, parce que c'est ça, qui me fait vibrer, c'est elle qui pose sur mes yeux ce filtre qui rend tout, toujours, bien plus coloré que ce que vous voyez.


Cela m'aura permis de comprendre une chose, je ne suis pas mon trouble, mais sans lui, je ne suis plus moi. Et même s'il me malmène parfois, disons que c'est le revers de la médaille ! Alors, je l'accepte et commence à l'aimer véritablement.


À nos maladies ainsi que nos troubles psy, ceux qui ne suffisent pas à nous définir, mais qui font définitivement partie de nous, comme une pièce du puzzle de notre vie.


Soyons nous-même, aussi fou qu'imparfait mais surtout, osons vivre selon nos propres normes, selon notre propre intensité. Et promis, c'est parfait ainsi !

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2 Comments


Yseult
Dec 22, 2024

Merci pour ce témoignage poignant, écrit à vif en cette période que tu traverses, de sevrage d'intensité. Comme une prise de recul sur ce que tu vis habituellement, qui fait autant de bien que de mal, mais qui a plus de relief et de matière que sans Je te souhaite de pouvoir apprécier à nouveau tous les états que tu peux être amenée à vivre, et de réussir à trouver la parade pour moins subir les périodes sombres

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vaguedemots
vaguedemots
Dec 25, 2024
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Oh purée c'est exactement ça, un "sevrage d'intensité" ! Encore merci pour tes mots, merci beaucoup d'avoir pris ce temps pour me lire et me laisser ce joli commentaire. 💖

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