top of page
Photo du rédacteurvaguedemots

"Pas tous les hommes, mais assez pour qu'on ait toutes peur"

Vendredi, 10h, j'écoute un podcast sur les relations homme femme.


J'écoute, puis je me retrouve dans ces mots. J'écoute et l'injustice resurgit. J'écoute et nous sommes trop nombreuses à subir, avoir subi. Combien de femmes, combien de fois, combien de silences, combien gardent au fond d'elles une part de honte. J'écoute et je revis ces fois où, moi aussi. J'écoute ces mots se succédant comme un couteau au creux de mon âme, appuyant sur des plaies encore sensibles.


Mon ordinateur ouvert, j'écris. Je pose mes lettres en poésie. J'affute ma plume afin de partager cette pensée qui m'assaille, celle qui brule ma chair en repensant à certains contacts. J'ouvre Instagram, prépare ma description, puis publie ces textes intitulés "Tendresse plein tarif" & "Chantage charnel".


 
 

Mais vous savez, Instagram n'aime pas les sujets sensibles, Instagram n'aime pas les femmes qui hurlent ni les mots criants de vérité. Instagram, simple reflet de la société ? Alors me voici, ici, pour terminer ce que j'ai commencé.


Il est plus facile de fermer les yeux que de faire face à la réalité qui nous entoure. Bon nombre deviennent aveugle, bon nombre se bouchent les oreilles afin de ne pas entendre, ne pas écouter les victimes, les tourments, les peurs, les drames, s'acclimatant à ce monde malade. Tous redoutent les virus passés et à venir, alors que la réelle maladie réside au cœur de cette société merdique. Celle-ci ne vous contamine pas, non, vous ne devenez pas à votre tour un humain dépourvu de sens et d'humanité, celle-ci retire votre âme, la déchire, et vous la jette au visage.


Maintenant, parlons études et sondages, puisque ce monde ne fonctionne qu'avec des preuves tangibles et diagrammes. Les mots, les récits, ne sont pas suffisants, parce que vous savez "Il y a viol.. et viol."


* Bibi va vomir et revient dans 2min ! *


En France, 57% des hommes interprètent l'absence d'un "Non" explicite comme un feu vert à une relation sexuelle. Insistons sur le "explicite", car il y a plusieurs manières d'exprimer un refus. Le faire verbalement est parfois complexe et difficile, d'où l'importance de s'assurer du consentement avant et pendant un acte sexuel, quel qu'il soit. En effet, à partir du moment où vous avez l'intention de poser vos mains sur quelqu'un, le consentement doit être sûr. Il est donc évident qu'une personne ayant consommé de l'alcool ou toute autre substance n'est pas en mesure de donner un consentement clair et réfléchi. Dans ce cas, c'est un "Non".


Contrairement aux idées reçues, demander l'accord ne brise en rien le moment, bien au contraire. "Consent is sexy"! Ce n’est pas une option, qu’importe le statut de la relation, le nombre d’années communes. S'assurer que tout est ok devrait être une base non négociable. Rappelez-vous : contraindre par la force ou la manipulation, c’est violer.


Le temps du devoir conjugal est révolu, cependant, se forcer pour faire plaisir ou satisfaire le partenaire, reste une normalité ancrée dans les mœurs. Chacun doit ressentir l'envie, doit pleinement consentir, il n'y pas "d'effort" à fournir. Votre corps vous appartient, personne n'a le droit de s'en servir à sa guise. Chacun a sa propre libido, son propre désir, la communication est essentielle au sein d'une relation qu'elle soit passagère ou sur du long terme.


58% estiment qu'il est acceptable d'insister après un refus, 64% trouvent normal qu'un homme soit excité par une femme qui résiste. Ces pourcentages reflètent notre société basée sur le patriarcat et la culture du viol. Sachez que la vie n'est pas un film pornographique et les rapports charnels ne sont pas des rapports de force (hormis pratiques consenties, mais c'est un autre sujet et c'est surtout, "consenties"). Une femme n'a pas besoin d'être contrainte, car une femme qui dit "non", n'a simplement pas envie. Pourquoi est-ce que les hommes s'identifient à ce refus au point de forcer, rabaisser, manipuler, se focalisant sur leur propre plaisir à en oublier nos besoins, nos limites ? Femme-objet, femme invisible.


60% croient qu'un "Oui" équivaut à un accord pour tous les actes sexuels. Vous avez le droit de changer d'avis, car être humain c'est par conséquent, être changeant. Vous pouvez dire oui à certaines pratiques, mais pas à d'autres, vous pouvez dire oui, puis non dans la minute qui suit, vous pouvez avoir envie le jeudi et non le lendemain. Un "Oui" n'est pas une porte ouverte à toutes les envies, à n'importe quel moment par la suite. Un "Oui" est une autorisation pour l'acte dans l'instant, non dédié à une personne, ce n'est pas une immunité.


J'ajouterai qu'il y a cette croyance populaire de "finir ce qu'on a commencé" spoiler: c'est faux ! Un rapport peut être arrêté à tout moment, sans honte ni culpabilité. Et ce, qu'importe la situation, la relation, ou que sais-je. Le partenaire n'a pas le droit de faire culpabiliser ou de négocier lorsque vous souhaitez arrêter l'acte, au contraire, on arrête et on échange, on reste à l'écoute, on rassure.


21% considèrent une tenue sexy comme un signe de consentement. 42% des français.es estiment que la responsabilité d'un violeur est atténuée si la victime a eu une attitude jugée "provocante" en public. Le seul signe de consentement est un "oui" explicitement exprimé par une personne en totale possession de ses moyens. Puis, rien n'atténue la responsabilité d'un violeur, celui qui prend possession d'un corps sans se soucier de l'humain, visualisant un simple objet sexuel afin d'assouvir son plaisir. Comprenez la gravité de ces chiffres, assimilez la gravité de ces croyances.


Continuons dans les études et parlons à présent de l'excuse utilisée par de nombreux hommes, je cite : les pulsions masculines, comme si la testostérone excusait le viol. 57% des fraiçais.es pensent qu'il est plus difficile pour les hommes de maitriser leur désir sexuel qu'il ne l'est pour les femmes. Avec cette croyance farfelue sortie de je-ne-sais-où, les femmes peuvent se sentir coupables. Nombreuses sont celles qui, à un moment dans leur vie, ont pensé : "c'est ma faute, ai-je donné l'impression d'une porte ouverte, est-ce que j'ai été trop gentille, je n'aurai pas du faire/dire ça, je l'ai cherché". Pour rappel, vous n'avez pas à vous sentir coupable pour une situation que vous avez subie, rien ni personne n’excuse ce comportement, rejetez donc par cette culpabilité qui n'a rien à faire dans votre camp.


"Si les pulsions sexuelles masculines étaient incontrôlables, on serait témoins ou victimes de viol constamment, en toutes circonstances. [ ..] Le viol n'est pas le résultat d'une pulsion, il est dans la plupart des cas calculés et le fruit d'une stratégie dans un moment où la victime est vulnérable [ ..]"


"Dans les addictions sexuelles, qui conduisent à la consommation intensive de pornographie ou à des comportements sexuels agressifs, ce sont très souvent des gens qui n'ont pas appris à réguler leurs pulsions. Tout le monde a des pulsions, les femmes aussi !"


Il serait temps d'arrêter de trouver des excuses aux hommes, d'arrêter de remettre en question les paroles de ces guerrières qui osent prendre la parole. Oui la honte doit changer de camps, et le visage de ces hommes mis à découvert. Pourquoi les protéger, dans quel but ? Combien n'ont jamais porté plainte par peur, par crainte ? Combien tiennent sous silence ? Combien de plaintes sans suite ? Combien d'années de prison ? Combien de récidivistes ? Combien d'agressions ? Combien de féminicides ? Combien de viol ? Combien de fois ?


Dans 49% des cas, les agressions ont été perpétrées par une personne connue de la victime. Dans 21% des cas, c’est le conjoint ou l’ex-conjoint qui est l’auteur des faits. Suite aux viols, tentatives de viol et/ou agressions sexuelles qu’elles ont subi, seules 6 % des victimes ont porté plainte. Ancrés dans la conscience collective, les viols sont imagés par un inconnu usant d'une violence physique, brutale, sauvage entre deux rues. Or, ce n'est pas toujours le cas, parfois cela arrive entre quatre murs que vous pensiez sécures, c'est une connaissance, un collègue, un ami, un petit-ami, un mari, un proche.


"Pas tous les hommes mais à chaque fois un homme". Nous ne disons pas que tous les hommes sont des agresseurs, c'est eux qui l'interprètent ainsi. "On ne peut plus rien dire" rectification, ils ne peuvent plus tenir des propos ou avoir des attitudes sexistes, agressives, en revanche ils doivent être respectueux. Définition du respect d'après le Larousse : sentiment de considération envers quelqu'un.


Lorsque les hommes jouent sur le #NotAllMen suite à un discours, un récit, ils minimisent sa parole, son combat, mais c'est aussi une façon consciente ou non pour eux, de se déresponsabiliser. Alors un conseil, Messieurs, la prochaine fois qu'une femme raconte, écoutez-la, informez-vous, car finalement, que savez-vous ? Que faites-vous pour nous aider ? Puis, sinon, ne dites rien et poursuivez votre chemin.


Au Royaume-Uni, 97 % des femmes âgées de 18 à 24 ans affirment avoir été harcelées sexuellement au moins une fois dans leur vie. Pourtant, seuls 4 % des hommes admettent avoir harcelé une femme. Ce décalage est frappant, montrant la différence de jugements face à ces actes, les hommes sous-estiment la gravité et se pensent parfois, à tort, innocents, blancs comme neige. Spoiler: personne ne l'est.


Faut-il attendre d'être ou d'apprendre que sa mère, sa sœur, sa fille, sa voisine, sa copine, son amie est touchée par le sujet pour se sentir concerné ? Ouvrez les yeux, élevez votre voix, parlez, hurlez, murmurez, osez retirer ce manteau de culpabilité. Osez soutenir, informez-vous, apprenez et éduquez-vous.


Vous savez, nous sommes fatiguées, mais les voix s'élèvent petit à petit. Vous dites victimes ? Hum, non, plutôt guerrières, survivantes. Parce qu'il en faut du courage, dénoncer, parler, quand la majorité n'est pas de notre côté, quand nombreux sont ceux qui tenteront de vous dissuader, essayant de vous faire douter de vos propres maux. Combien de "peut-être qu'ils ont raison, est-ce que ma réalité est vraie, peut-être que j'abuse" ? Alors que s'ensuivent des années de thérapies pour sortir d'un stress post-traumatique.


Dites-moi, de quoi devrais-je avoir honte, hormis de ce monde qui déconne, celui qui fait l'autruche, qui minimise, qui s'en moque.


J'espère que mes mots toucheront, éduqueront, j'espère utiliser les bons termes sans maladresse. Ce sujet est tabou et il est temps que cela cesse. J'envoie tout mon amour, toute ma tendresse aux personnes qui s'y retrouveront. Je sais, je suis sincèrement désolée, je vous crois. Prenez soin de vous.


Sources:

Bonus : Le podcast que j'ai écouté est celui-ci Pour Ainsi Dire - Je n'ai plus de rapports de Caroline Nicoullaud

102 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout

BlueBéryl

Comments


bottom of page