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"Salut, c'est Clara qui m'a donné ton numéro."

Vous vous souvenez avant l'ère des réseaux sociaux, des applications de rencontres ?


marché livre rue

Cette époque où l'on recevait un texto nous disant "Salut, c'est Quentin, Clara m'a donné ton numéro. Est-ce que ça te dit de se faire un mcdo ciné ?". Tout était simple, pur, naïf, la plupart du temps ! On vivait chaque instant, se pensant adulte et pourtant nous étions encore des enfants. Et pourtant, nous vivons ces moments intensément, avec le recul, nous étions réellement ancré dans le présent.


Le téléphone nous servait simplement à se faire engueuler par nos parents en réseau edge, puis sur clavier numérique on donnait rendez-vous à nos potes, ou on s'écrivait des je t'aime ! Ou plutôt jtm, parce que les sms coutaient cher, chaque caractère était précieux !


Je pensais à ça parce que ..


Je vais changer mon numéro, numéro que j'ai depuis tant d'années, c'est comme si, je fermais la porte à mon passé, alors que finalement, personne ne m'a jamais recontacté. Peut-être quelqu'un tombera sur cette fameuse voix lui disant que ce numéro n'est plus attribué, je ne le saurais jamais.


Je vais changer mon numéro et je me disais, à quoi il sert désormais ? La sécu, les impôts, les rendez-vous Pôle emploi, médicaux, mais qu'en est-il dans nos relations ? On ne s'appelle que rarement, les échanges se font essentiellement sur les réseaux, ou alors, on se contente de regarder les story et faire des suppositions. Plus personne n'appelle pour dire "Hey, je pensais à toi, que fais-tu ? Ça va ? J'arrive". Au mieux on va s'échanger quelque banalité, faire semblant que tout va bien, et reprendre le quotidien. Le téléphone remplace la réalité des relations, comme si, un message pouvait remplacer une présence, un moment en face à face, une discussion profonde autour d'un café, prendre le temps d'avoir le temps de vivre l'instant.


Je vais changer de numéro et comme d'habitude ..


Pas de message, aucun appel. Le bruit silencieux de ce téléphone qui jamais ne sonne, trop propre est le paillasson qui ne rencontre les pieds de personne. On espère, quelqu’un qui s’inquièterait, qui se demanderait si on y pense, quand la lune est à son apogée, peut-être un vieil amour, un vieil ami, une proposition, que l’on finirait probablement par décliner, une déclaration jamais avouée. La solitude a bien des visages, notamment celui de l’abandon, celui du cœur qui s’est enfermé.


Alors quand tout va mal, je le mets en sourdine, afin d'avoir l'impression de le choisir, le silence de cet oublie.

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