En anglais on dit alone ou lonely, en français on peut dire seul ou se sentir seul.
La solitude a deux visages, l'un nous accompagne comme un fidèle ami qui nous enlace, tandis que l'autre, est comme cette ombre quand vient la nuit, nous poursuivant, impossible à fuir.
Parfois difficile à différencier, la solitude est tant redoutée, honteuse, critiquée. On scrolle sans fin, déconnecté de la réalité, on échange des messages pour combler, remplir le vide de façon rapide. La musique, la télé, les écouteurs toute la journée, on sort, on fume, on dort, on boit, faites que le bruit ne s'arrête jamais. Mais qu'en est-il une fois que tout est éteint, quand les réponses se font attendre, que l'esprit est conscient ?
Je veux que le bruit m'envahisse
Ma tête est bien trop bruyante
Mes sentiments bien trop violents
Dans ce calme torturant, nos émotions réprimées prennent place, chuchotant au creux de l'oreille ce que nous redoutons. Il est bien douloureux ce silence, provoquant ces larmes, celles qui nous arrachent la peau en se frayant leur chemin, celles qui ont un goût de rage, celles que l'on repousse en vain.
La voilà, l'ombre solitaire, nous poussant dans nos retranchements. Elle n'est pas notre ennemie contrairement à ce que l'on pense, elle nous libère en sortant nos vieilleries enfouies au fond de l'esprit. On se sent alors seul, seul face à cette douleur sans nom, seul et incompris face au monde. Elle est finalement, seulement l'ombre de nos émotions refoulées mettant en lumière ce que nous fuyons, ce qui est difficile à admettre, à regarder.
Comme une relation qui commence, il faut faire connaissance, l'apprivoiser, la nourrir, l'enrichir, la comprendre. Nos rapports commencent souvent douloureusement, mais du chaos peut naître l'émerveillement. C'est alors que l'on comprend le rôle de la solitude. C'est tendrement que l'on commence à lui sourire. On voit enfin les messages qu'elle porte, les prises de conscience, les fois où elle surgit pour nous secouer, pour nous aider à évacuer les larmes bloquées dans nos failles, pour nous apprendre à nous écouter, à oser regarder la partie sombre de notre âme. En revanche, lorsque nous nous sentons seul, il est peut-être signe que nous n'arrivons pas à l'accueillir. De quoi avons-nous peur ? Qu'est-ce que nous fuyons de peur que cela nous envahisse ?
La solitude est un état d'esprit, une façon d'appréhender les choses, être seul n'est pas une maladie honteuse, c'est un apprentissage, comme un passage obligatoire pour guérir. La pression de cette société nous pousse parfois à nous sentir différents, hors des autres, hors de ce monde, alors que chacun, devrait une fois dans sa vie, se retrouver seul face à soi-même, sans fuite, pour écouter les cries de son esprit.
Puis, vient le jour ou ..
Apprendre à faire les choses par soi est appréciable, la fierté d'oser, mieux se connaître, se comprendre, vivre avec soi devient alors plus doux, calme, reposant. On guérit de ces chose qui ressurgissent, on panse les plaies pour avancer. Il est parfois difficile de se regarder dans le miroir, se dire que notre quotidien est majoritairement fait de cette solitude, plusieurs facteurs entre alors en jeu, l'anxiété, tous les troubles divers et variés qui nous poussent à rester loin des autres pour se protéger.
Mais, l'échange de deux solitudes qui se rassemblent, deux âmes solitaires qui se ressemblent, donne à la vie, un doux sentiment tendre. Savoir la partager est un signe d'amour, une invitation dans notre monde.
Alors, je chéris et chante ma solitude comme une douce mélodie, jusqu'au jour ou mes notes se mêleront à celles d'autrui, pour qu’ensemble nous puissions jouer une autre symphonie. Solitaire cherche solitaires pour parcourir l'univers.
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